Article de presse paru dans « Alternatives Pyrénées »
La trahison fait mal à sa victime mais elle doit en faire bien plus à son auteur et pour libérer leur conscience les traîtres invoquent toujours des raisons dont la mauvaise foi n’effacera jamais leur sale besogne .
Cette réflexion s’inspire d’un fait récent survenu dans la proche banlieue paloise où la tête de liste victorieuse de l’élection municipale et au demeurant maire sortante, n’a pas été renouvelée dans ce poste au profit d’un de ses colistiers et ancien premier adjoint.
Celui-ci explique la situation par tout un tas de griefs portant non sur un programme qu’il a approuvé mais sur les méthodes de l’ancienne maire, trop autoritaire par exemple ou sur sa gestion du confinement.
L’histoire n’est rien d’autre que celle d’Iznogoud, un grand vizir ambitionnant le trône qui pense « je veux être calife à la place du calife ». Il est prêt à tout pour y parvenir. Et les ambitieux sont toujours prêts à trahir. En l’espèce comment comprendre qu’après avoir travaillé à ses côtés et avec elle le nouveau maire entre en conflit avec celle qu’il a trahie.
Oh, certes il n’était pas seul puisque dix autres l’ont imité mais pour cela il fallait s’assurer les voix des élus d’une liste prétendument d’opposition. Cela n’a pu se faire sans combine et sans compensation. La trahison a toujours un prix. Elle n’est jamais innocente.
Trahir la tête de liste et ceux qui lui ont été fidèles n’est qu’une facette de l’ignominie car la victoire de cette liste était l’expression de la volonté populaire. Ce sont les électeurs qui ont été trahis. Leur vote a été dévoyé et c’est à eux seuls qu’incombe le droit de dénouer une situation manifestement originale. Ce serait un juste retour en démocratie car l’événement est malheureusement de ceux qui justifient un nombre toujours plus grand d’abstentions. « Pourquoi aller voter puisqu’une fois élus, ils n’en tiennent pas compte » ?
Pierre ESPOSITO
Docteur en droit, ancien avocat et ancien Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Pau
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